Esclave de Gorée ?

Jean-Baptiste Belley, dit “Mars”, fut le premier Noir membre de la Convention en 1794, où il représenta Saint-Domingue (Haïti). Lui même indique qu’il est né à Gorée. La légende précise qu’il serait né esclave en 1747 puis emmené à Saint-Domingue. Mais la légende est vraisemblablement inexacte, d’une part parce qu’aucune famille goréenne ne porte ce nom et, d’autre part, parce que les esclaves goréens n’étaient jamais vendus, à moins d’avoir commis une faute grave. Ils faisaient partie de cette catégorie d’esclaves que l’on désignait “captifs de case” (des domestiques en fait), qui n’avaient rien à voir avec les esclaves de traite, comme l’avait constaté Schoelcher lors de son séjour au Sénégal. Il est probable, en revanche, que Jean-Baptiste fut esclave ou fils d’esclave, et possible qu’en tant que tel il eut à transiter par Gorée. A 17 ans, il acquiert sa liberté en s’engageant dans l’armée puis s’illustre dans le siège de Savannah en 1779. De retour en Haïti, il débute une activité commerciale et devient propriétaire, mais il poursuit néanmoins une brillante carrière militaire. En 1802, alors qu’il combat pour contrer la prise de pouvoir de Toussaint-Louverture, Bonaparte rétablit l’esclavage dans les colonies. Ce dernier avait secrètement décidé de rétablir la hiérarchie raciale dans les colonies, laquelle interdisait à tout Noir ayant un grade supérieur à celui de capitaine de demeurer dans l’île. Jean-Baptiste est arrêté puis incarcéré à la citadelle de Belle-Ile-en-Mer, où il meurt en 1805.

 

Jean-Baptiste “Mars” Belley

Girodet, élève de David, a peint en 1797 ce Portrait du citoyen Belley accoudé au buste de l’abbé Raynal. Il est le premier à avoir l’audace de représenter un Noir dans le costume et la posture du législateur occidental.

Rév. : 17-03-07