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L’unique en son genre, historien illimité et autoproclamé, Jean-Luc Fidi, dit Angrand, a fait l’immense honneur de commenter sur Facebook mon interview par Sada Kane diffusée sur Canal Info en 2007. Je ne résiste pas au plaisir de retranscrire ici sa réaction, in extenso, fautes d’orthographe comprises, et sans commentaire, bien que, naturellement, le fond justifierait de ma part d’engager la contradiction ou d’apporter des réponses circonstanciées, mais l’occasion viendra. Pour l’heure, cette prose a le mérite de me rappeler à la promesse faite sur mon post du 25 mars 2007 de vous toucher un mot de son livre, Céleste ou le temps des signares. Ce sera donc chose faite dans le prochain post. Pour l’heure, place au Maître :
« UNIVERSITE DE GOREE
EXAMEN D’HISTOIRE
CANDIDAT : Xavier Ricou-Crespin
SUJET : Les Signares – histoire et culture d’une minorité métisse matriarcale sénégalaise
« Préambule :
Le « Thésard » Xavier a dit quelques grosses bêtises lors de son exposé auprès de monsieur Sada Kane mais dans l'ensemble c'est bien pour un public non averti de sourds ou de malentendants.
« 1 er correction de la copie du candidat Ricou à l’examen / Mars 2010
« La sémantique et ce que disent les archives d'états civiles/notariales sur l'origine sociologique des familles mulâtres de Gorée :
- Il n'a jamais eu "d'hommes signares" et les familles de mulâtres de Gorée sont issues de Lébous et Sérères libres du continent. Signare dérive du mot Signara qui veut dire Señorita, Madame.
- les familles Goréenne diffèrent des familles Saint Louisienne de part leurs origines sociologiques ; les Saint Louisienne sont en partie issues de femmes affranchies comme les blanchot et les Crespin.
« Origine géographique, ethniques et sociale des métis versus la sénégalitude des métis goréen :
L'histoire des vielles familles mulâtres de Gorée commence au XVII siècle sur la petite côte. Il aurait fallut décrire l'environnement politique local comme par exemple l'existence de royaumes négres puissants et les liens de parentés entre les familles goréenne mulâtres et les rois du SINE; cela aurait mieux servis la démonstration visant a démontrer leurs "sénégalitude" plutôt que de s'appuyer sur la possession le mobiliers africains dans des cases ou tapades . Une calebasse ne fait pas l’africanité.
« Politique et économie locale :
Les Signares qui gouvernaient "l'ethnie métisse" à Gorée du XVIII au XIX siècle étaient en relation permanente avec la noblesse négre du continent ; il n'y avait donc pas de désert culturel, économique et politique sur le continent contrairement à ce que pourrait laisser penser le discourt du candidat Ricou-Crespin. Quand à l'étendue de leurs pouvoirs il aurait été bien de préciser qu'elles régnaient uniquement sur leurs comptoirs et non sur le Sénégal comme semblait le croire l’excellent Sada Kane ; qui a l’excuse d’être un journaliste de talent et non un historien.
D'une manière général cet exposé manque d'équilibre quant à la valorisation des états négres du continent qui sont oubliés alors que les Signares de Gorée commerçaient avec eux ; quelques insertions auraient été bienvenues.
« Nul besoin d'inventer l'existence d'une "bourgeoisie négre" à Gorée au XVIII et XIX siècle ; il suffisait de parler des royaumes du Cayor, Sine et des notables Lébous et Sérères du continents mais il est vrai que Xavier Ricou-Crespin n'est pas historien.
Quand à la bourgeoisie négre des comptoirs de Gorée et Saint Louis apparut à la fin du XIX siècle il aurait été bien d’indiquer qu’elle fut le produit de l’action des dernières signares à l’origines de l’installation des premières écoles à Gorée et Saint Louis au milieu du XIX siècle puis du soutient des notables mulâtres masculins comme le député Barthélémy Durant Valantin en 1848 ; sans oublier l’action des Devès, Guillabert, Léopold Angrand ect.. Quelques citations de références de livres écrits par des historiens comme Wesley Jonhson (usa) et François Zuccarelli (France) auraient été bienvenues.
« Architecture et culture de caste :
Une démonstration « correct » mais pauvre pour un architecte alors qu’il aurait été bien de décrire le pourquoi de l'organisation spatiale des maisons de Gorée à savoir
- un rez-de-chaussée pour le dépôt des marchandises, ateliers d'artisans et chambres des serviteurs
- un étage pour les maîtres et des balcons pour le confort mais aussi pour avoir un œil sur "l'actualité de la rue". D'où l'expression "Signare au balcon boniche à la cuisine" qui bien que cruelle décrit parfaitement la mentalité et les usages de la société de caste des signares de Gorée au XVIII et XIX siècle.
- il aurait été bienvenu d’indiquer l’origine géographique des matériaux ayant servit à la construction des maisons de Gorée. Par exemple la fabrique de chaux de Rufisque indiquer dans les lettres du Chevalier de Boufflers, les pierres venus en autres des ballastes des navires et des îles du Cap Vert, …
- les tuiles importaient de Marseille.
Et par-dessus tout l’existence dès le XVIII d’ouvriers spécialisés dans la maçonnerie, charpenterie et petites réparations navales (chaloupes) à Gorée ; souvent employés des signares ou ayants le statut de captifs artisans.
« Divers :
- La premier Signare nommée "Signara" par les portugais c'est Dame Phillipa de Rufisco en 1634 ; Dame Cattelina quant à elle vivait bien plus d'un siècle après vers 1701. De plus c'est la Signare goréenne Caty Louette dite "Madame" qui est probablement la fille ou petite fille de Signara Cattelina de Rufisco et non Anne Pépin.
- La relation amoureuse d'Anne Pépin avec le Chevalier de Boufflers repose sur un témoignage du Docteur Sammuel Brunner en 1838 soit une année après le DC d'Anne Pépin alors l'on ne peut qu'être surpris par l'ignorance du candidat Xavier pourtant il affirme avoir lu de nombreux livres sur le sujet Signare.
« Conclusion :
Le manque de maîtrise du sujet "Signare" par le "thésard" Xavier Ricou-Crespin et toutefois compensé par sa bonne volonté et par sa production iconographique de qualité qui participe à n'en pas douter à la conservation du patrimoine matériel et immatériel sénégalais.
Note : 7/20 – non reçu ».
Jean-Luc ANGRAND
samedi 1 mai 2010