Puissant almamy
Né vers 1840 sur la rive droite du Niger, Samory Touré est le fils de Lanfia Touré et de Sonka Camara. Il a été commerçant, puis soldat dans l’armée du marabout Birama Sory, qui avait capturé sa mère (on lit aussi qu’il aurait été capturé enfant lors d’une razzia puis vendu à un marabout nommé Mora qui l’aurait utilisé comme négociant). Un fois libéré Samory commence à faire la guerre pour son compte et, progressivement, se constitue une armée puissante, organisée et redoutée, qui compte les célèbres sofas, soldats en uniforme. De 1870 à 1875, il étend son autorité religieuse, militaire et politique sur une vaste région qui s’étend de la haute-Guinée au sud du Mali. De fait, Samory est associé à l’histoire du Sénégal autant qu’à celle de la Guinée, du Mali, de la Côte d’Ivoire, de la Haute-Volta (Burkina Faso) et du Ghana. A partir de 1881 et l’attaque de Kita, les heurts avec les Français vont se multiplier. Les autorités coloniales le considèrent comme un grand pourvoyeur d’esclaves et supposent qu’il en tire sa très grande richesse. Après sa défaite à la bataille de Fatako-Djingo en 1887, il consent, en gage de paix, à envoyer son fils Karamoko Diaoulé à Paris, comme “otage” et ambassadeur. A son retour, jugeant celui-ci trop favorable aux positions françaises, il l’emprisonnera en le privant de tout contact et de toute nourriture jusqu’à sa mort. A partir de 1891, la lutte de Samory avec les Français est sans merci. Refoulé par les colonnes françaises, il pratique une guerre de résistance, mobile et stratégique et, comme ses adversaires, une politique de la terre brûlée. Traqué et en proie à l’hostilité de plusieurs tribus guinéennes, il est finalement capturé en 1898 dans le village de Guélémou en Côte d’Ivoire, puis déporté au Gabon, via Saint-Louis, où il meurt deux années plus tard, en 1900. Bien qu’il fut un grand résistant, l’histoire ne s’arrêtant pas, 23 de ses fils ont combattu pour la France, parmi lesquels 5 sont morts au combat pendant la guerre de 14-18.