Traitée aux escales du fleuve
Connue depuis l’Antiquité, la gomme arabique est une résine produite par une espèce d’acacia, qui pousse à l’état naturel dans les zones semi-désertiques, de part et d’autre du fleuve Sénégal. La gomme arabique du Sénégal est, depuis toujours, réputée pour sa qualité. Elle entrait autrefois dans la composition de préparations pharmaceutiques et de confiseries et servait à l’empesage des étoffes. C’est, aujourd’hui encore, l’ingrédient principal des célèbres pastilles Valda, toujours fabriquées au Sénégal.
La gomme arabique a longtemps constitué la principale source de revenus des négociants et négociants métis saint-louisiens. La gomme était récoltée par le Maures, convoyée à dos de dromadaires ou de bœufs jusqu’aux escales de traite situées sur la côte mauritanienne (Arguin, Portendick) et le long du Fleuve Sénégal, d’où elle était acheminée par bateaux jusqu’à Saint-Louis. Là, elle y était stockée, puis expédiée vers l’Europe. La traite sur le Fleuve était très réglementée par l’autorité coloniale. Elle ne pouvait se pratiquer qu’à des périodes déterminées. Il s’agissait d’un voyage long, éprouvant et dangereux, au cours duquel de nombreux hommes périssaient chaque année, victimes de maladies ou de l’attaques de tribus rebelles. La période de traite était, pour les signares restées à Saint-Louis, l’occasion de se procurer de l’or du pays, avec lequel étaient fabriqués les bijoux qu’elles portaient.
A partir du milieu du XIXe siècle, le commerce de l’arachide a progressivement supplanté celui de la gomme arabique, en même temps que la nouvelle ville de Dakar affirmait sa prééminence sur la vieille cité de Saint-Louis. Tous les commerçants métis qui s’étaient enrichis grâce à elle firent souvent faillite ou se reconvertirent. Mais c’est surtout de nouveaux négociants, d’origine bordelaise, qui prospérèrent dans ce nouveau négoce, et qui fondèrent, à leur tour, une nouvelle génération de métis sénégalais.