Charnière culturelle et politique

Blaise Diagne pourrait trouver sa place à la rubrique consacrée aux familles métisses, car sa mère, Gnagna Preira, était elle-même une métisse Mandjaque originaire de Guinée Bissau. Son père était Niokhor, un Serère de Gorée, cuisinier et marin. Blaise naît en 1872 à Gorée sous le nom de Galaye Mbaye Diagne. C’est à l’école des Frères de Ploërmel, où l’avait inscrit son père adoptif Adolphe Crespin, qu’on lui donne le prénom de Blaise. Après des études en France et à Saint-Louis, il débute une carrière tumultueuse dans l’administration des douanes. Il est envoyé successivement au Dahomey, au Congo, à Madagascar, à la Réunion et en Guyane. Devenu entre-temps franc-maçon, il revient au pays en 1913 pour se présenter aux élections législatives. Il remporte le scrutin et devient en 1914 le premier député noir à l’Assemblée française. Adolphe Crespin, qui l’avait suivi tout au long de sa carrière, assista avec une très grande émotion à son accession à la députation. Blaise exerce son mandat avec ferveur, fait voter en 1916 une loi qui donne la nationalité française aux originaires des “quatre communes” (Gorée, Dakar, St-Louis et Rufisque) et parvient en 1918 à convaincre des milliers de ressortissants de l’AOF de s’engager pour le front. En 1920, il est élu maire de Dakar et nommé sous-secrétaire d’Etat aux colonies en 1931. Il meurt en 1934 à Cambo-les-Bains en France, mais est enterré au cimetière musulman de Dakar. L’enfant de Gorée possède toujours sa statue sur l’île.

 

Blaise Diagne

Procès en diffamation de Blaise Diagne en octobre 1927, pour avoir révélé les dessous d’une affaire de construction de mosquée par un commandant de cercle.

Gnagna Preira, la mère de Blaise, entourée de ses trois petits-fils, en 1918 (source CRDS).

Rév. : 17-03-07