Roi parisien du Rio Nunez

Mohammad Dinah Salifou est né vers 1858. Il est le fils aîné du roi Makoumba et a régné sur les Nalou à partir de 1887 dans la région dite des Rivières du Sud. Cette zone était l’objet d’anciennes rivalités commerciales franco-anglaise, et d’inévitables intrigues politico-commerciales. Au terme d’une période de succession extrêmement turbulente et violente, Dinah remplace son oncle Youra Towel, frère et successeur de Lamina Towel, bénéficiant d’un appui assez versatile des Français, qui lui décerneront tout de même un brevet attestant sa qualité de roi. Auparavant, il avait en effet été arrêté pour s’être présenté armé au poste militaire de Boké. Détenu pendant un an à Gorée et à Saint-Louis, il avait été finalement libéré mais avait en contrepartie laissé son fils en otage. Dinah Salifou souhaite marquer son indépendance vis-à-vis des Français, tout en sollicitant leur appui pour le débarrasser de son cousin Tocba qui lorgne sur son trône. Dinah a converti à l’Islam son peuple animiste, mais c’est un souverain ambivalent. Il est considéré à la fois comme impitoyable et cruel et comme un grand résistant, il est également jugé naïf pour avoir été abusé par la générosité intéressée des puissances coloniales. Preuve de cette générosité, le gouverneur des Rivières du Sud, le Dr. Bayol, l’invite à Paris pour l’exposition universelle de 1889 qui voit l’érection de la tour Eiffel. Ce voyage constitue un émerveillement, mais il lui sera fatal. Pendant son absence, les troubles ont repris de plus belle dans la région, à l’instigation de son cousin Tocba. Dinah sollicite une nouvelle fois le soutien des Français. Ne l’obtenant pas, il finit par faire exécuter son rival, à la demande expresse du commandant de cercle Opigez qui veut voir cesser les troubles. Pourtant les Français ne lui en sont pas reconnaissants. Au contraire, il est assigné à résidence à Saint-Louis. Il est encore soutenu par le gouverneur de Lamothe, qui lui accorde une pension, mais il n’est déjà plus le chef incontesté des Nalou. Bien que déjà démuni, la pension qui lui est versée est réduite. En 1897, Dinah Salifou s’éteint dans la misère à Saint-Louis.