Les certitudes du Dr. Béranger-Feraud


Selon le docteur Béranger-Feraud, les familles métisses n’auraient pas du exister ! Dans son ouvrage Les peuplades de la Sénégambie, publié en 1879, il fonde un argumentaire pseudo-scientifique à partir de l’étude de la famille de Saint-Jean, qui démontre que les familles métisses finiront par s’éteindre naturellement. En parlant des métis, il dit : “ils sont en équilibre instable et on sent que la nature désireuse d’en finir au plus vite avec de pareils produits, leur a donné des imperfections en assez grand nombre pour condamner la race à une prochaine extinction”. Ironie du sort, pour cette famille précise, il avait eu raison !


Les thèses de Béranger-Feraud n’empêchèrent cependant pas les familles métisses de prospérer et les individus qui les composaient de jouer un grand rôle dans la construction du Sénégal indépendant. De fait, les familles métisses formaient une sorte de mini-société bourgeoise et se mariaient entre-elles, ce qui explique qu’elles soient presque toutes apparentées et que l’on retrouve, au final, les mêmes patronymes dans leurs arbres généalogiques respectifs. A partir du XVIe siècle, ces métis tiendront le pouvoir économique et politique de la région. Ils s’accommoderont ensuite du renforcement de l’autorité coloniale à l’époque de Faidherbe et occuperont des postes subalternes, puis de responsabilité, dans l’administration, la justice et l’armée.


Au demeurant, les familles métisses ne formaient pas un groupe monolithique. On peut schématiquement distinguer deux grande vagues d’immigration européenne au Sénégal, qui furent à l’origine des principales familles métisses : la première débute dans la deuxième partie du XVIIIe siècle et la seconde à la moitié du XIXe siècle. A partir de cette dernière période, des négociants européens, souvent d’origine bordelaise ou marseillaise, soutenus par l’autorité coloniale, supplantent leurs prédécesseurs au plan commercial et fondent à leur tour des familles au Sénégal. Mais les anciens métis s’affrontent également au plan politique avec le « clan des bordelais ». Ces derniers finissent par l’emporter.


Cette période est marquée par des bouleversements profonds. C’est la fin des « mariages à la mode du pays », le début d’une véritable politique d’expansion coloniale menée par Faidherbe, la fin de la prééminence de la gomme arabique au profit de l’arachide, l’abandon progressif de Saint-Louis au profit de Dakar, désormais reliées par une voie ferrée.


Comme on peut le constater ci-contre, ces familles métisses étaient parfois d’ascendance noble ou de petite noblesse. Ce n’était pas toujours le cas, loin de là. De nombreux négociants de basse extraction sont arrivés au Sénégal extrêmement pauvres avant de s’enrichir. On fait ainsi souvent référence aux “mange-mil”, jeunes commerçants ariégeois arrivés sans le sou, qui finirent par fonder les établissements commerciaux les plus prospères de la Côte occidentale d’Afrique, en même temps qu’ils fondèrent, sur place, des familles métisses. Leur réussite est souvent cité en exemple dans les écoles de commerce américaines.

 

Familles métisses

Quelques armoiries de villes et de familles métisses sénégalaises d’ascendance noble :

Famille Carpot d’Estourelles

Famille Dodds

Famille de Coutures

Famille d’Erneville

Ville de Saint-Louis

Ile de Gorée

Rév. : 10-09-10

Famille Croizier de Lacvivier

Famille le Bègue de Germiny

Ville de Dakar