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Vous avez entre les mains le premier et, si ça se trouve, dernier numéro du Petit Journal des Ricou d'Abidjan ; journal annuel et exceptionnel entièrement pensé dans la tête et tout fait à la maison. L'année qui vient de s'écouler présente pour cette famille, le plus souvent localisée entre un tropique et l'équateur, un bilan globalement agité, dont vous pourrez suivre les multiples rebondissements dans les pages qui suivent. Nous aurions aimé vous faire partager toutes ses joies, ses peines et ses coupures d'électricité, mais la place manquait. Nous nous contenterons donc de vous en découper quelques tranches de vie bien grillées. N'hésitez pas, amis lecteurs, à nous adresser vos commentaires et réactions, afin que nous puissions en faire profiter toute la famille. Toute l'équipe de la rédaction se joint à moi, en cette période exceptionnelle, pour vous présenter ses meilleurs voeux pour 1998 et espère avoir bientôt l'occasion de vous retrouver ici ou ailleurs, dans les tuyaux de l'internette ou dans la vraie vie.
X.R.





Toujours beaucoup de travail

Comme toujours, beaucoup de travail. Les journées ne sont pas assez longues pour parvenir à faire baisser les piles de dossiers. De nombreux centres de santé ont été construits à Abidjan et d'autres sont prévus. Leur fréquentation dépasse toutes les espérances. Un véritable hôpital est également en cours de construction. Cela veut dire autant de plans et de dossiers d'appel d'offres à constituer et autant de chantiers à suivre. D'autres gros projets sont dans les cartons ou déjà dans les tuyaux, comme le siège du ministère de la Santé. Plusieurs bâtiments ont été inaugurés par des ministres français de passage ; bref, les occasions de s'habiller en pingouin ne manquent pas. Quelques difficultés, embûches et obstacles variés, toutefois, moins liées à la nature même du travail qu'aux conditions dans lesquelles l'exercent certains collaborateurs (!). Le contrat de Xavier Ricou prendra fin à l'été 1999, mais il n'est pas exclu que des propositions sérieuses ne l'expédient avant ce terme, avec sa petite troupe, vers d'autres horizons. Les bagages sont toujours prêts.





Le Père-Noël était un faux

Comme chaque année, avec une inexorable constance et une fertile imagination dans le choix de ses moyens de transport, le Père-Noël est passé à l'école d'Adiopodoumé, le 13 décembre dernier. Il est cette fois-ci arrivé en hélicoptère. Un témoin sur les lieux, JR, qui a préféré garder l'anonymat, nous raconte sa visite : « Le Père-Noël est arrivé en hélicoptère. Il s'est posé tout juste devant la maison. C'était rigolo et ça nous a envoyé des herbes dans les yeux. Ca faisait beaucoup de bruit et aussi on lui a fait des coucous. Tout le monde de l'école lui a fait des coucous. Il est descendu. Il avait mis un coussin sur le ventre pour être plus gros, mais c'était un faux. Il avait aussi une fausse barbe et des lunettes. Il m'a apporté une poupée indienne et à Manoa de la pâte à modeler comme de la poterie. Il y avait plein de filles qui ont reçu des poupées et les garçons des gants de boxe. Moi j'en avais déjà acheté avec mon argent de poche. Tout le monde était content et puis il est reparti en hélicoptère, mais très vite parce qu'il était en retard. Peut-être qu'il allait dans une autre école ? Maintenant, on attend le vrai Père-Noël à Noël ».



Arrivée bruyante du Père-Noël, faux peut-être, mais moderne




Faits divers

Dimanche dernier, Josépha, presque 6 ans, a été surprise par ses parents en train de se maquiller toute seule dans la salle de bains. La situation était d'autant plus troublante, ont dit ces derniers, que le rouge à lèvres débordait à peine. Prise sur le fait, l'intéressée s'est contentée de sourire jusqu'aux oreilles. A la décharge de celle-ci il faut dire que le ravalement précoce pouvait être justifié par une chute anticipée des dents de devant. Mais il n'est pas inutile de rappeler, non plus, qu'elle a perdu il y a peu son amoureux, Johann, 5 ans, soit disant parti vivre à Madagascar avec ses parents (heureusement, les numéros de téléphone respectifs ne sont pas encore connus des deux tourtereaux !). On ajoutera, pour terminer, l'hébergement transitoire d'un très beau et très grand mamba vert sous son lit. Pour le moment, Josépha ne boit pas.



Abandon de domicile

Mauvaise surprise au retour de vacances, avec la demande du propriétaire de récupérer sa villa, pour cause de reprise des activités du centre de recherche dans lequel elle se trouve. Fini le calme, la lagune et la forêt. Les négociations pour rester au paradis jusqu'à l'été suivant sont en cours, mais rien n'est acquis. La lenteur dans la mise en pratique de toute décision en Côte d'Ivoire constituent, pour une fois, un aspect positif. Dans le cas contraire, un déménagement vers un quartier plus « conventionnel » d'Abidjan serait vécu comme un véritable arrachage de sparadrap.



Histoire d'Ivoire un peu plus clair

Un coup d'oeil sur les quatre années déjà passées ici permet de constater la surprenante évolution du pays. 7% de croissance économique cette année et un taux à deux chiffres prévu en 98. Il y aurait sans doute beaucoup de vanité à y voir l'empreinte de notre passage, mais ces ouvrages construits dans les délais, inaugurés en grande pompe, régulièrement approvisionnés, abondamment fréquentés et loués de toutes parts n'ont-ils pas un peu contribué à convaincre de nouveaux bailleurs qu'il était possible d'investir ici ? Tout ceci n'est évidemment pas mesurable, mais on peut apprécier, en revanche, le nombre de nouvelles Mercedes, de nouveaux riches, de nouveaux embouteillages, de nouveaux chantiers, de nouveaux médias, de nouvelles stations de radio ou de TV, des grands projets, de grands salons, de conférences internationales, etc. Corollaires inévitables de la croissance, les forêts sont saccagées, la faune est anémique, la délinquance augmente et les pauvres le sont de plus en plus.





Il n'a pas vomi

La famille Ricou ayant gagné à la dernière tombola de l'école un baptême en avion avec Jean-François qui vient d'obtenir son brevet, il a bien fallu que quelqu'un se dévoue pour y aller. Rappelons que déjà l'année dernière à la même tombola, la même famille avait gagné un aller-retour Abidjan-Paris sur une compagnie qui avait interrompu cette ligne ; après avoir eu la possibilité de le changer en Paris-Pointe-à-Pitre, le billet s'était finalement transformé en un exotique Paris-Strasbourg ! L'expédition au-dessus des villes de Grand-Bassam, Assinie et Ayamé s'est déroulée sans incident et a fait l'objet d'un passionnant reportage cinématographique de la part de Xavier Ricou, très surpris de ne pas avoir vomi dans l'avion.



Un beau voyage en Turquie

Encore un magnifique voyage en Turquie l'été dernier. Les petits Ricou ont tous logé dans leur grotte d'Urgup en Cappadoce. Les archéologues qui ont déchiffré les inscriptions peintes sur les parois ont confirmé qu'il s'agissait bien d'un tombeau romain du VIe siècle après JC. Ils sont assez rares dans la région, à l'inverse des églises taillées dans le tuf. Des excursions merveilleuses à pied ou en scooter ont été faites dans les alentours. Les enfants ont rapporté avoir entendu chanter les fées qui habitent dans les cheminées de fées. Un seul regret, la découverte tardive de l'entrée d'une ville souterraine dans leur propre falaise. Celle-ci n'a pu être explorée faute d'équipement et d'éclairage suffisant. Un nouveau voyage en Turquie s'avère indispensable. Que les volontaires s'inscrivent.



L'heure de l'apéro à l'entrée de la grotte d'Urgup




Encore des voyages

Plusieurs voyages sont inscrits au programme des envies de la famille Ricou dans les mois ou les années à venir : Sénégal, Burkina-Faso, voire Egypte, Maroc, Guadeloupe et même Côte d'Ivoire. Dans l'immédiat, le Ghana tient la corde pour les fêtes de nouvel an, car Marina compte aller y acheter des perles. Dans tous les cas, un détour par la France au cours de l'été sera inévitable, qui tâchera, dans la mesure du possible, d'éviter les turbulences de la coupe du monde de football.





Maxime Le Forestier

Le célèbre chanteur des années 70 s'est produit au Centre Culturel Français le mois dernier pour un spectacle sur Georges Brassens. Marina et Xavier n'ont pas manqué l'occasion de se replonger dans l'ambiance et ont déclaré à la sortie : « c'était très bien! ». Ils avaient confié leurs enfants à Pauline la nounou, qui a déclaré à leur retour « ça s'est bien passé madame! ». Un petit regret, le public piochait des numéros au hasard dans un cahier de 100 chansons et quelques grands classiques ont fatalement été oubliés, comme, par exemple, celui qui dit : « Ils ont ri, se sont baisés, sur les neunoeils, les nénés, dans les ch'veux, à plein bécots, pondus comme des oeufs tout chauds ».



Un nouveau logo pour l'école

Marina et Xavier ont travaillé sur le nouveau logo de l'école, qui doit être imprimé sur des t-shirts, ainsi que sur une affiche destinée à une conférence mondiale des amis de l'eau. Après de nombreuses variations sur le même thème, nous sommes en mesure de vous présenter les versions qui ont été retenues. Par ailleurs, les collections de dessins bizarres, de colliers de nouilles, de cendriers en poterie et d'objets traditionnels africains de la famille continue de s'enrichir de nouvelles pièces rares.

                       

Le nouveau logo de l'école
Projet d'affiche pour l'ORSTOM




Expositions de colliers

Marina Ricou, qui continue à enseigner avec talent et conviction les arts plastiques au collège Jean Mermoz, a présenté en mai des colliers confectionnés par elle-même avec des perles africaines anciennes à la galerie Kajazoma, dans le cadre d'une exposition ayant pour thème le Maroc. Les réactions admiratives ont été très nombreuses, ce qui a fait dire à la créatrice : « je suis drôlement très contente ». Quelques mois plus tard, en novembre se tenait à Abidjan le K'palézo, premier salon africain des désigners et créateurs de mode africains, auquel participait Marie-José Crespin, inspiratrice goréenne et belle-mère de la sus-citée. Beaucoup de succès pour cette manifestation artistique, mais quelques efforts à faire pour l'organisation.



Exposition des colliers de Marina






Visite de la Comète

Le ciel du mois d'avril a réservé aux habitants d'Adiopodoumé une magnifique surprise : la comète de Hale-Bopp, qui croisait à proximité de la terre (197 millions de kilomètres tout de même) après un voyage de 4200 ans, s'est arrêtée précisément dans le jardin des Ricou cette fois-ci, un peu comme l'hélicoptère du Père Noël. Tous ont été d'accord pour la remercier bien fort de sa visite et tous ont promis d'essayer d'être là pour l'accueillir la prochaine fois. Une bonne occasion, en tout cas, de disserter en famille sur la véritable nature des quasars, la découverte de traces de fluor dans les gaz intergalactiques, l'invariabilité des grandes constantes cosmologiques et les magnifiques sondages du ciel profond du Hubble Deep Field. Tout le monde était très intéressé. Si, si !



Nouvelle attaque du virus de Word

Une nouvelle attaque des micro-ordinateurs par le virus des macros de Word nous est signalée. Tous ceux ayant été en correspondance informatique avec les Ricou sont priés de désinfecter leurs computers ainsi que tous leurs appareils électriques, même les grille-pain, on ne sait jamais. La preuve, la station Mir tombe en panne à chaque fois qu'on ouvre la porte du frigo. Manoa et Josépha profitent de cette tribune scientifique pour faire part du décès de leurs tamagochis respectifs (numéros de série : 540063-C et 541287-K), morts par manque de soins, de tendresse et de piles. Il est rappelé à ceux souhaitant adresser leurs condoléances par e.mail plutôt que snail mail (et ils y sont encouragés) que l'adresse de courrier électronique adéquate, qui fonctionne quand il n'y a pas trop d'orages, est la suivante : ricoux@ci.refer.org.



Météo : arrivée du Niño à Abidjan

Des chercheurs de l'ORSTOM, interviewés sur RFI, signalent l'arrivée du Niño sur les côtes ouest africaines. Après un si long voyage depuis les côtes péruviennes, son influence est, d'après ces scientifiques, tellement atténuée qu'elle en est imperceptible. Ouf, on a eu chaud ! On va pouvoir continuer à trouver normal qu'il fasse en permanence 29° et qu'il pleuve 24 heures sur 24. A ce propos : 95% d'humidité mais comment font les 5 autres % pour rester secs ?



Biologie : les nouveaux chiffres

Les deniers résultats consolidés qui nous ont été communiqués sont les suivants : Josépha Ricou, 6 ans, 120 cm, 25 kilos, très bon état général, ambitions : maîtresse et archichette comme papa et maman ;

Manoa Ricou*, 8 ans, 121 cm, 21 kilos, très bon état général, ambitions : peintre en bâtiments et maîtresse comme sa soeur ;



Autoportrait de Manoa


Marina Ricou, (âge indisponible), 165,5 cm, 53 kilos, enveloppe externe en bon état, ambitions raisonnables ;

Xavier Ricou, 38 ans, 64 kilos, 175 cm, bon état général, ambition : 63 kilos.
A part ça, la loi de la pesanteur est dure, mais c'est la Loi !

*D'autres chiffres étonnants concernant Manoa Ricou sont donnés à titre indicatif : 15/20 en conjugaison, 15/20 en mathématiques, 18/20 en technologie, 18,5/20 en grammaire. Les parents se disent très surpris de ces résultats inhabituels qui demandent confirmation.





Turbulences dans le Squash

Après avoir régulièrement battu les meilleurs joueurs de squash de la ville et s'être, à la surprise générale (dont la sienne), classé 3e au dernier open de Côte d'Ivoire, la carrière de Xavier Ricou connaît à 38 ans un revers douloureux à la suite d'un léger accrochage dans la circulation, qui immobilise son poignet depuis plus d'un mois. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement et un retour rapide à son meilleur niveau.



L'affiche du tournoi faite par Xavier




Rififi dans le Football

Beaucoup de grincements de dents à la maison à cause de la programmation de Canal Horizons, qui accorderait une trop grande importance au football. Un collectif d'aigries s'est mis en place pour empêcher le chef de famille de regarder tout le temps le foot à la télé. Certaines rencontres diffusées en direct, pourtant cruciales pour l'issue du championnat de division d'honneur, n'intéressent apparemment pas tout le monde.



Autres sports

Les petites Ricou font preuve d'un remarquable esprit sportif en pratiquant à peu près toutes les disciplines praticables sur place : Josépha entame sa deuxième année de tennis, tandis que Manoa a abandonné parce que c'est fatiguant. Toutes les deux poursuivent leur apprentissage de la voile sur optimiste et viennent de débuter le judo. N'oublions pas, évidemment, la natation, la gymnastique et surtout, le très prisé «j'empêche-mes-parents-de-faire-la-grasse-matinée-le-dimanche-matin».