Premier Khalife des Mourides
Cheikh Ahmad Ibn Muhammad Ibn Habib Allah, dit Ahmadou Bamba est né vers 1853 à Mbacké Baol, un village fondé par son arrière-grand-père près de Diourbel. Chérif de père et de mère, fin lettré et très religieux, il se consacra à l’enseignement de l’Islam jusqu’à la mort de son père en 1882. L’année suivante, il créa le mouridisme, puis fonda Touba, la cité de ses rêves, en 1886. Le roi du Djoloff, Alboury Ndiaye, l’encouragea à prendre les armes contre le colonisateur français, mais Ahmadou Bamba, ascète et mystique, prêchait la non-violence. Accusé pourtant par les autorités coloniales de trouble à l’ordre public, il fut emprisonné à Saint-Louis puis déporté au Gabon en 1895. De retour au Sénégal après un exil de 7 ans, auréolé de sa sainteté, son audience ne fit que croître. Mais dès 1903, il fut à nouveau contraint de prendre le chemin de l’exil, en Mauritanie cette fois. Il fut autorisé à rentrer au Sénégal en 1907, où il vécut en résidence surveillée à Diourbel. Au cours de ses démêlés avec les autorités coloniales, Ahmadou Bamba fut défendu par l’avocat mulâtre saint-louisien, Georges Crespin, fils de Jean-Jacques. La France “reconnaissante”, et probablement aussi culpabilisée, lui accorda finalement la Légion d’Honneur en 1919. Il refusa de la porter estimant que son action n’était inspirée que par Dieu et non par les hommes. Cheikh Ahmadou Bamba est décédé à Diourbel en 1927 et a été enterré à Touba. En 1963, sous le khalifat de son second successeur, El Hadj Falilou Mbacké, a été inaugurée la grande mosquée de Touba, dont le minaret, haut de 87 mètres, domine la plaine du Baol.