Rebelle de Thiès
Canar Fall, chef du Baol occidental, considéré comme étant à l’origine de la rébellion de Thiès, fut fait prisonnier par les Français le 7 avril 1904. Les soulèvements des indigènes face à l’autorité coloniale furent nombreux, surtout lorsque Faidherbe entreprit de “pacifier” le pays. Il s’agissait, de fait, d’une véritable politique d’expansion coloniale, visant à soumettre peu à peu les populations hostiles. Cette politique s’est poursuivie jusqu’au début du XXe siècle. Les circonstances du déclenchement de la rébellion de Thiès restent obscures. Un article de l’époque précise que la rébellion débuta à la suite de la condamnation à 15 jours de prison d’un notable du Cayor, un certain Diéry Fall. Celui-ci et sa suite, qui n’acceptaient pas la sentence, se jetèrent sur les membres du tribunal et portèrent un coup mortel à un jeune fonctionnaire colonial, apparenté à Camille Chautemps. Deux jours plus tard, Diéry Fall en fuite fut rattrapé et abattu par son propre beau-frère qui, “selon la coutume des noirs”, lui coupa la tête et le bras avant de les apporter à l’administrateur Pouvergue. Celui-ci, directeur des affaires indigènes envoyé à Thiès pour instruire l’affaire, les fit embrocher sur une perche et exposer publiquement, à titre d’avertissement et d’intimidation. L’assassin direct, Sieritta Dièye, fut rattrapé quelque jours plus tard à Sainte-Marie de Bathurst en Gambie. On ne sait exactement quel fut le rôle de Canar Fall dans cet histoire. Il était probablement apparenté à Diéry Fall, à moins qu’il n’ait été simplement impliqué en tant que chef du Baol. Il ne reste de cet épisode dramatique que quelques cartes postales ostensiblement mise en scène par Fortier, qui se trouvait sur place ou avait été appelé par les autorités, à l’instar d’un photographe de presse. Il est vraisemblable qu’après avoir été pris en photo, Canar Fall, son frère et ses “courtisans” furent déportés, comme cela était alors assez fréquent.