Art précis et science inexacte

Le besoin s’est exprimé très tôt, pour les navigateurs, de tracer sur des cartes les contours des côtes qu’ils longeaient et des récifs qu’ils rencontraient. Ces cartes étaient au début maladroites, bien incomplètes et fourmillaient d’erreurs bien naturelles, car elles reflétaient l’état des connaissances et des technologies d’orientation de l’époque.


Pour le seul Sénégal, le tracé des côtes était très approximatif jusqu’au XVIIIe siècle, quant à l’intérieur des terres, il n’était simplement pas représenté, hors le cours du fleuve Sénégal. Par ailleurs, la toponymie n’étant pas encore normalisée, il y eut longtemps une très grande confusion entre le fleuve Sénégal (dit aussi Sanaga), la ville de Saint-Louis, également appelée Sénégal et le nom du pays. L’île de Gorée, suivant la puissance colonisatrice, prenait le nom de Bezeguiche, lorsqu’elle était Portugaise, et Goeree, lorsque elle était Hollandaise. Le village de Dakar était désigné sous le vocable d’Endacar, Ndacar ou encore Daccar.


Au fil du temps ces cartes sont devenues plus détaillées et plus richement décorées. Au XVIIIe siècle, l’enluminure des cartes occupe parfois autant d’espace que la carte elle-même et devient un art en soi. Certains cartographes acquièrent une réputation mondiale, à l’instar de Jean-Nicolas Bellin, hydrographe et cartographe officiel de la Marine ou Rigobert Bonne qui lui succéda à ce poste.


A partir du XIXe siècle, et les grandes campagnes d’exploration de l’intérieur des terres, les cartes devient, enfin, précises. Elles sont, en outre, très largement diffusées, grâce aux progrès de la gravure, dans des ouvrages grand-public ou des manuels de géographie. Le fonds commence alors à primer sur la forme, les hydres disparaissent des cartouches, les chimères et les monstres marins de l’océan.

 

La Cartographie

Mauritania nuova tavola, de Girolamo Ruscelli, parue en 1561 dans l’Atlas de Ptolémée. Bezeguiche (Gorée) y est indiquée. A droite, la carte Guinea propia de Hass en 1743.

La table de Dakar, très belle carte illustrée de la presqu’île du Cap-Vert, réalisée par Théodore Monod en 1945 (coll. B. Vella).

Le Sénégal et le cours de la rivière Sanaga, par J. N. Bellin.