Faire-voir

De tous temps, les voyageurs ont souhaité partager et faire voir à ceux restés sur place ce qu’ils découvraient dans les contrées étranges ou inconnues qu’ils arpentaient. Si le texte a, naturellement, constitué le support de prédilection de ce “partage”, l’image en fut indissociable. De fait, la plupart des récits anciens sont accompagnés de cartes destinées à situer l’action et d’illustrations destinées à renforcer tel ou tel point du texte. D’autres, religieux ou militaires —peut-être moins doués pour l’écriture—, profitaient de leur séjour pour sortir fusains et pinceaux. Leurs dessins se retrouvaient fréquemment reproduits dans des revues de voyages. Par la suite, progressivement, la photographie a pris le pas sur les autres techniques.


Le dessin au crayon ou à la plume représente la forme la plus basique de la représentation graphique. Tous s’y sont essayés. Qu’ils soient simples croquis dans la marge des cahiers, comme ceux consul Peter Strickland, ou véritables œuvres d’art comme les esquisses d’Adolphe d’Hastrel, on ne compte plus les dessins qui ont été réalisés au Sénégal et nous sont parvenus.


La peinture, qu’elle soit aquarelle ou à l’huile, exige une plus grande dextérité artistique que le dessin. Pourtant, elle a toujours constitué un passe-temps de prédilection pour les artistes occasionnels. Des peintres professionnels sont également venus puiser leur inspiration au Sénégal, comme Edouard Auguste Nousveaux, Paul Merwart ou Myrto Debard.


La technique de la gravure, simple procédé destiné à reproduire en grand nombre des œuvre d’art, a atteint un tel niveau d’excellence qu’elle a pu, dans certains cas, être considérée un art en soi. La très grande diffusion dans la presse occidentale du XIXe siècle de gravures destinées à illustrer des récits de voyages a permis aux lecteurs sédentaires de se forger une image assez précise des contrées lointaines. Il existe trois techniques principales de gravure, la gravure sur bois, la gravure sur métal et la lithographie.


Les premières photographies connues prises au Sénégal datent des années 1880. Elles sont l’œuvre du médecin Huas ou de Bonnevide. Le premier était un amateur passionné, le second déjà professionnel. Peu à peu, les photographes s’installent au Sénégal, ouvrent des studios, comme Joannès Barbier et y photographient des familles entières. Au début du XXe siècle, Edmond Fortier et Pierre Tacher éditent des cartes postales en très grand nombre et contribuent ainsi à la diffusion d’une certaine imagerie coloniale, plus souvent événementielle ou ethnographique (voire ethnico-érotique) qu’artistique.

 

Les Techniques

Ci-dessus un dessin au crayon du capitaine Peter Strickland (source Mystic Seaport). Ci-contre, carte de La Guinée, de même que la plus grande partie du pays des Nègres, publiée à Nuremberg en 1745 (coll. MJC).

Photographie de l’inauguration du chemin de fer Dakar-Saint-Louis en 1885 (source Gallica).

Aquarelle du peintre Edouard Auguste Nousveaux vers 1842 (coll. A. Guillabert).

Lithographie (extrait) du peintre Adolphe d’Hastrel réalisée à partir d’une aquarelle exécutée en 1839 (coll. MJC).

Peinture à l’huile de la peintre Myrto Debard (coll. Mairie de Gorée).

Rév. : 28-05-07